Les lesbiennes, oubliées du débat sur la LGBTphobie

Christine a manifesté contre la LGBTphobie le 20/10/2018 à Paris.

Les lesbiennes, oubliées du débat sur la LGBTphobie

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Ce dimanche 20 octobre, un rassemblement contre la LGBTphobie s’est tenu place de la République à Paris, la Maison des Femmes y était représentée par ses militantes. Etant donné les chiffres révélés par le rapport 2017 d’SOS homophobie, une réaction contre ces violences est urgente et nécessaire, les violences LGBTphobes connaissent une augmentation significative : 1575 actes LGBTphobes ont été portés à la connaissance d’SOS homophobie en 2016, ce qui équivaut à une augmentation de 19,5% par rapport à 2015. Cette situation rappelle tristement les heures les plus difficiles du débat sur le mariage pour tous, au cours desquelles nous avons eu à déplorer de nombreuses agressions, tant physiques que verbales. (1)

Ce rassemblement est donc plus que légitime, néanmoins, les interventions des différents acteurs à l’initiative de cette manifestation ont omis des points essentiels de la lutte contre les LGBTphobies

Tout d’abord, aucune intervention n’a mentionné les problématiques propres aux lesbiennes, les actes lesbophobes ont globalement augmenté de 16% par rapport à 2015, cela n’a nullement été précisé, les chiffres des agressions LGBTphobes ont été donnés de façon globale, sans spécifier dans quelle proportion les femmes étaient concernées.

Les lesbiennes sont encore très souvent confrontées au rejet, à la discrimination, aux insultes, à Paris comme en province, et ce quel que soit leur âge. Dans leur environnement quotidien (en famille, sur le net, au travail, ou encore dans l’espace public) les lesbiennes subissent des violences, allant de l’injure au viol, dans une escalade dangereuse et mortifère. Malgré le caractère grave et répété de ces violences, ces femmes sont peu entendues par les autorités, les violences qu’elles subissent sont minimisées voire niées lorsqu’elles tentent de déposer plainte. Ces attitudes d’ignorance conduisent à les invisibiliser et à nier leur orientation sexuelle.

La Maison des Femmes tient ici à signifier tout son soutien aux lesbiennes, et souligne qu’elles doivent être pleinement prises en compte en tant que victimes de la LGBTphobie

Ensuite, toujours lors de ce rassemblement, il a souvent été fait mention de « travailleurs du sexe », il faut ici rappeler qu’assimiler la prostitution à un « travail » comme un autre ne fait pas l’unanimité, la Maison des Femmes est abolitionniste et conçoit la prostitution comme intrinsèquement violente. Il faut ici rappeler que sur les 30000 personnes prostituées en France, 85% sont des femmes, 93% sont étrangères, 51% ont subi des violences au cours de l’année écoulée, et qu’elles sont insultées et stigmatisée à hauteur de 64%. Il faut aussi ajouter qu’elles sont pour 38% d’entre elles d’anciennes victimes de viol. (2)

La prostitution touche donc en majorité des femmes étrangères, ayant un passé de violences sexuelles, et elles sont donc victimisées à nouveau par le système prostitutionnel, en raison de la violence qu’il génère.

Quid des violences faites aux femmes dans la prostitution ? La dénomination « travailleur du sexe » tend à banaliser une activité violente en elle-même, à la présenter comme anodine alors qu’elle est traumatisante et dangereuse. De plus l’usage d’un nom masculin occulte que c’est une violence qui touche très majoritairement des femmes.

La LGBTphobie est une violence inacceptable et indigne d’une démocratie respectueuse des droits humains, qui doit garantir à toutes et à tous l’égalité et le respect de la vie privée, ainsi que de l’intimité de chacun. La lutte contre la LGBTphobie et les violences ne peut se faire sans parler des lesbiennes qui sont durement touchées par ces violences, les associations doivent laisser l’espace nécessaires à ces femmes pour s’exprimer, et ne pas reproduire les schémas d’invisibilisation à l’œuvre au sein des institutions, il ne faut pas les réduire au silence.

La Maison des Femmes réaffirme ici sa défense de l’abolition de la prostitution et son soutien inconditionnel aux lesbiennes, dans un esprit de lutte pour la défense des droits humains et le respect des valeurs démocratiques.

  • Rapport sur l’homophobie 2017, SOS homophobie.
  • https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/les-chiffres-cles-de-la-prositution/

Christine

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